Un contrat de sécurité signé entre le gouvernement de transition haïtien et une entreprise militaire privée américaine suscite de vives préoccupations à Washington. Dans une lettre adressée le 28 juillet 2025 au secrétaire d’État Marco Rubio et à la secrétaire à la Sécurité intérieure Kristi Noem, neuf sénateurs américains demandent des éclaircissements sur les termes et la légalité de cet accord, révélé par le New York Times.
Selon les informations publiées, ce contrat prévoit le déploiement d’environ 150 agents paramilitaires, ainsi que la livraison de drones, d’armes et de matériel de surveillance dans la capitale haïtienne. L’objectif déclaré serait de soutenir les efforts du gouvernement haïtien pour reprendre le contrôle de Port-au-Prince, largement dominé par des gangs armés.
Les sénateurs soulignent que toute exportation d’équipements militaires et tout envoi de personnel armé à l’étranger sont strictement encadrés par la législation américaine. Ces activités nécessitent l’obtention de licences spécifiques délivrées par le Département d’État et doivent se conformer aux normes définies dans la directive présidentielle NSPM-10. Un non-respect de ces obligations pourrait constituer une violation grave des lois sur le commerce de la défense.
Ils évoquent également la loi Leahy, qui interdit à l’administration américaine de fournir un soutien à des unités étrangères impliquées dans des violations des droits humains. Bien que cette loi ne s’applique pas directement aux sociétés privées, elle pourrait concerner indirectement la Police nationale haïtienne (PNH), si elle coopère étroitement avec ces agents privés.
La PNH a été pointée du doigt à plusieurs reprises par des ONG et agences internationales pour des abus présumés, notamment des exécutions extrajudiciaires, des arrestations arbitraires et un usage excessif de la force. Une collaboration formelle avec une entreprise paramilitaire américaine pourrait donc poser problème au regard de cette législation.
Les élus expriment aussi leurs inquiétudes quant à l’opacité du processus ayant conduit à la signature de ce contrat. Ils réclament la publication intégrale des documents y afférents, une évaluation rigoureuse de son impact sur le terrain, ainsi que des garanties que toute intervention sera strictement encadrée par le droit américain et international.
Cette démarche intervient alors que la situation en Haïti continue de se détériorer. Près de 1,4 million de personnes ont été déplacées en raison des violences, selon l’ONU. La faim touche plus de 40 % de la population et les infrastructures de santé sont en grande partie paralysées.
Pour les sénateurs, l’envoi de mercenaires ou de forces privées n’est pas une réponse durable à la crise. Ils appellent plutôt à renforcer l’aide humanitaire, à soutenir les institutions civiles haïtiennes et à favoriser une solution politique inclusive à long terme