Par Delson Délice

Haïti traverse, en ce moment, l’un des épisodes les plus sombres de son histoire contemporaine. Ce vendredi 2 mai 2025, une déclaration officielle a marqué un tournant dramatique : les gangs armés opérant sur le territoire national ont été désignés comme groupes terroristes. Une décision lourde de conséquences pour un pays déjà éprouvé par des crises économiques, sociales et politiques persistantes.

Cette annonce place Haïti dans une position extrêmement délicate sur l’échiquier mondial. Être classé parmi les pays abritant des entités terroristes, c’est comme remettre une grenade dégoupillée dans les mains d’un enfant. Dans un contexte où les institutions sont affaiblies, où la population lutte au quotidien pour sa survie, ce nouveau statut vient alourdir un fardeau déjà insoutenable.

Plus que jamais, Haïti a besoin de soutien. Un soutien sincère, international, mais aussi local, afin de retrouver un semblant de stabilité, et surtout, le sourire qu’elle a perdu depuis trop longtemps.

Et pourtant, dans cette quête d’aide, une tragique ironie se dessine : certains des fils et filles de la nation semblent être devenus les complices — parfois même les exécutants — d’un complot destructeur contre leur propre patrie. Une auto-sabordage silencieuse, alimentée par l’ambition, la peur ou la résignation.

Que va-t-il se passer après cette annonce ? Haïti risque-t-elle d’être exclue de la carte mondiale des destinations touristiques ? De se voir encore plus isolée, stigmatisée, oubliée ?

Ce pays, berceau d’intellectuels d’envergure tels qu’Émilie Saint-Lôt, Jean Price-Mars, Anténor Firmin, Leslie François Manigat, et plus récemment Franck Étienne, mérite mieux que l’étiquette infamante de « nation terroriste ». Comment une terre qui a brisé les chaînes de l’esclavage, qui a inspiré les luttes pour la liberté à travers le monde, peut-elle aujourd’hui figurer sur la liste noire du terrorisme international ?

Haïti n’est pas un pays terroriste. Haïti est un pays pris en otage. Et il est plus que temps de lui tendre la main.