Par Ambassadeur Stanley Lucas*



Soupçons de racisme et indécision dangereuse
Le 14 Juillet 2023, après un an de démarches du Secrétaire Général, Antonio Gutteres, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a approuvé la résolution 2692 ouvrant la porte à une force non onusienne pour Haïti, vu que l’article 25 de la Charte de l’organisation ne prévoit pas d’appel à cette décision. Quelle est la première réaction au niveau national à la décision du Conseil de Sécurité ? Nombreux sont les haïtiens qui croient que les Blancs du Canada et des États-Unis, par peur d’être accusés de racisme, ont choisi des commandeurs noirs d’Afrique et de la Caraïbe, comme à l’époque de l’esclavage pour venir maîtriser les récalcitrants d’Haïti.

Cette réaction est due au racisme systémique exprimé par les Nations Unies durant leur dernière mission militaire Haïti. Le comportement des responsables des Nations Unies a fait croire au peuple haïtien qu’ils sont racistes, à cause du double standard parce que leurs actions indiquent que la vie d’une personne noire n’a pas la même valeur que celle d’un Blanc. Après l’assassinat du 58 ème président d’Haïti, sous les yeux complices de la mission onusienne, et après en vingt-cinq mois d’attente, le Secrétaire Général A. Gutteres, malgré deux requêtes d’Haiti jusqu’à présent, n’a toujours pas encore nommé le Tribunal Spécial International pour chargé d’enquêter. Les armes et les équipements nécessaires à ila police et l’armée d’Haiti capables de détruire les gangs ont été refusés à cause de l’influence des élites glibalistes impliquées dans un complot contre Haïti depuis 2003 avec le Canada en tête. Cette indécision a suscité beaucoup de colère chez les Haïtiens et la diaspora. L’appui onusien au Premier Ministre Ariel Henry, impliqué dans les gangs et l’assassinat du président, a envenimé considérablement la situation, même si ce n’est pas visible en surface. Le bwa kale, mouvement de légitime défense du peuple haïtien, risque de refaire surface à n’importe quel moment, voir:
https://youtu.be/pPQEhyl0xVk



Vu l’expérience catastrophique de la dernière mission militaire des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH) de 2004 à 2017, l’accord entre le gouvernement haïtien et les Nations Unies sur le statut de cette force non onusienne devra contenir des garde-fous. On se souvient que pareilles négociations avaient eu lieu entre les gouvernements américain et Irakien dans le passé sur ce la présence des militaires américains dans ce pays.

Brefs rappels sur la dernière mission militaire onusienne en Haïti:
Le bilan des interventions onusiennes en Haïti se caractérise, entre autres, par une série de dérapages et d’actes délinquants, dont nous citons quelques exemples ci-dessous.

Le choléra
• Les soldats de l’ONU ont amené une épidémie de choléra en Novembre 2010 qui a tué onze mille haïtiens. Le choléra des Nations Unies continue de tuer en 2023. Haïti a dû se battre pendant trois ans avec le support scientifique de quelques universités américaines pour forcer les Nations Unies à reconnaître le tort fait au pays. Même après avoir admis leur responsabilité dans la propagation de l’épidémie, treize ans après, ils n’ont toujours pas payé des réparations aux victimes, voir;
http://solutionshaiti.blogspot.com/2010/11/cholera-in-haiti-is-united-nations.html?m=0
http://solutionshaiti.blogspot.com/2010/11/haiti-cholera-democratie-lettre-ouverte.html?m=0
http://solutionshaiti.blogspot.com/2014/07/un-secretary-general-fails-to-come.html?m=0

Les crimes sexuels
• Les soldats de l’ONU ont commis des crimes sexuels contre des adultes et enfants des deux sexes. Ces soldats n’ont pas été jugés et aucune réparation n’a été payée aux victimes, voir;
http://solutionshaiti.blogspot.com/2012/02/resolution-du-senat-de-la-republique.html?m=0



La tentative de coup d’État
• Les soldats de l’ONU ont tenté un coup d’état contre le président constitutionnel René Préval, qu’ils voulaient envoyer en exil. Quand ils ont annoncé qu’un avion attendait Préval à l’aéroport pour l’emmener en exil, celui-ci a dit qu’il dénoncerait le kidnapping sur sa personne une fois à l’étranger, les Nations Unies ont fait marche arrière, voir vidéo;



Vente d’armes aux gangs
• Les soldats de l’ONU vendaient des armes et munitions aux gangs;
• Les responsables de la MINUSTAH étaient très actifs dans la corruption, particulièrement dans la vente et l’achat des produits pétroliers, selon les révélations du Washington Post.

Recommandations à propos de l’intervention de la force non onusienne
Concernant cette force non onusienne, même décrié, le gouvernement de facto haïtien afin de protéger les intérêts nationaux, sur la base d’expériences négatives expérimentées avec l’ONU devrait :
• Préparer la liste des pays dont les soldats ne sont pas bienvenus en Haïti et seraient la cible légitime du peuple;
• Insérer des clauses dans l’Accord sur le statut de cette force pour protéger les citoyens d’Haïti et les institutions démocratiques

Les soldats qui ne seront pas les bienvenus en Haïti
On sait que les soldats de l’armée et de la police Dominicaine ne peuvent jamais et en aucun cas souiller le sol national haïtien pour avoir commis un génocide en 1937, en assassinant trente mille haïtiens. Les soldats du Népal responsables de la propagation du choléra en Nov 2010 ne seront pas les bienvenus en Haïti. Il en est de même pour les soldats du Shri Lanka, de l’Uruguay et autres qui ont commis des crimes sexuels sur des adultes et des enfants. Il est hors de question que les soldats des Bahamas qui en général traitent les migrants haïtiens avec une violence inouïe comme des esclaves mettent les pieds dans ce pays. Le Premier Ministre Bahaméen a aussi son camp politique en Haïti. Ces soldats, s’ils débarquent en Haïti seront des cibles légitimes de la population. Il y a aussi des préoccupations par rapport à la participation Rwanda à cette force non onusienne à cause de leur soutien au gang M23 qui commet des atrocités au Congo et Trinidad et Tobago qui ont des préférences politiques en Haïti à cause des choix politiques passés de Sandra Honoré et Colin Granderson originaires de ce pays et influents au sein de la Caricom.

Les clauses importantes sur le statut de cette force devraient être les suivantes pour rassurer le peuple haïtien:
• Si un soldat de la force non onusienne commet des crimes sexuels, il sera jugé par la justice haïtienne et purgera sa peine dans le pays. Les réparations aux victimes de ces crimes sexuels seront payées par les Nations Unies;
• Si les soldats de la mission non onusienne amènent une épidémie en Haïti, les pays qui ont fait la promotion de cette intervention entre 2022-2023 et les membres du Conseil de Sécurité couvriront les frais financiers pour aider l’état haïtien à se débarrasser de l’épidémie et paieront des dédommagements aux familles des victimes;
• Les soldats de cette mission non onusienne ne peuvent pas intervenir dans le processus politique et électoral du pays ou réaliser des coups d’Etat en faveur d’un camp politique. Dans ce cas, la mission est automatiquement expulsée ou fera face à la colère de la population haïtienne;
• Les soldats de cette mission non onusienne ne peuvent en aucun cas vendre des armes et munitions aux gangs. Tout soldat de cette mission impliqué dans le trafique des armes sera automatiquement expulsé;
• Tout soutien opérationnel à la police doit être approuvé par le ministre de la justice et le CSPN;
• Cette force non onusienne ne recevra aucun ordre direct des ambassades siégeant à Port-au-Prince;
• Aucune activité minière ou d’exploitation de ressources naturelles ne peut se tenir sur la base de cette mission militaire non onusienne;
• Cette force non onusienne ne doit en aucun cas servir de prétexte pour affaiblir la république d’Haïti par rapport à la République dominicaine;

Pour la première fois depuis les quatre interventions militaires récentes en Haïti, cette force non onusienne, fera face à un environnement difficile et même hostile. Lors de leur intervention militaire en 1915, lorsque la résistance avait débuté, les Américains avaient perdu plus de quarante soldats, la Minustah en avait perdu treize. Cette mission a été négocié par ceux qui ont créés les gangs depuis 2017 qui sont actuellement au gouvernement et sont impliqués dans l’assassinat du Président Jovenel Moïse.

Cette fois si la perception est que cette mission non onusienne vient pour protéger, le système peze souse, les oligarques et politiciens impliqués dans l’assassinat du président, les gangs, la corruption ou pour faire un coup d’état en faveur d’un candidat, le conflit sera ouvert et aura des conséquences désastreuses. Si cette mission aide au renforcement des capacités de la police et de l’armée et contribue au renforcement de la sécurité, elle sera appréciée et remerciée après l’installation du gouvernement constitutionnel après les élections.

Entre temps le président Dominicain Luis Abinader considéré comme le plus grand ennemi actuel d’Haïti, pour avoir mené une campagne internationale contre la souveraineté et l’autodétermination d’Haiti a encore mis son pied dans le plat. Il a été le premier à applaudir la décision du Kenya d’envoyer des troupes en Haïti. Il est dans un complot avec certaines élites globalistes corrompues et les oligarques haïtiens impliqués dans l’assassinat du Président Moïse, pour tenter de voler les richesses du sous-sol haïtien sur la frontière avec un réseau aux Etas Unis qui opère dans l’ombre et qui a déjà fait des dommages à Haïti dans un passé très récent. Toute perception de coordination de cette mission avec lui entraînera un discrédit total de cette mission.

Au cours des vingt-cinq derniers mois, la première république nègre du monde a sollicité de la coopération internationale trois hélicoptères de combat, quinze chars d’assaut, des armes pour permettre à son armée et sa police d’effectuer des opérations en vue de détruire les gangs. Les élites globalistes corrompues ont torpillé cette demande d’assistance pour forcer l’intervention militaire étrangère. Rappelons que l’ancienne Première Dame de la République d’Haiti, Martine Moïse, s’était prononcée contre toute intervention militaire étrangère en Haïti et avait plutôt appuyée le renforcement des capacités de la police et de l’armée d’Haiti comme solution viable et durable, voir:
https://www.tiktok.com/t/ZT88pb1sA/

Le Kenya et les pays qui s’engagent dans cette aventure ne peuvent pas ignorer cette réalité pour ne pas devenir des marionnettes d’un plan qu’ils ignorent. Quand on sait que toute politique est d’abord locale, cette cohabitation va être difficile, si les résultats et les changements ne se font pas sentir rapidement.

* L’Ambassadeur Stanley Lucas est un spécialiste en développement politique qui a travaillé en Amérique Latine, l’Afrique, l’Afghanistan et le Moyen Orient. Il était le Conseiller Special du Président Jovenel Moïse.