Par Ambassadeur Stanley Lucas*
Les tentatives répressives du gouvernement Ariel Henry, des oligarques et de certains acteurs internationaux pour faire taire les journalistes haïtiens sur les dossiers cruciaux de la république sont complexes. Cette répression larvée et multiforme représente une menace pour la liberté de la presse, la liberté d’expression, la démocratie et le développement d’Haiti.
En démocratie les libertés publiques qui sont l’ensemble des droits et des libertés individuelles et collectives sont garantis par la constitutionles textes législatifs et donc par l’Etat. Les libertés publiques sont donc une traduction dans le droit positif des droits de l’homme et des droits fondamentaux. Dans un État de droit, la protection juridique qui est conférée aux libertés publiques établit et organise leur inviolabilité. Face à un Etat qui détient l’autorité, la notion de libertés publiques impose à celui-ci des limites à ses prérogatives en le soumettant à des normes juridiques. C’est le respect de ces limites qui fonde la légitimité du pouvoir et caractérise une démocratie. Dans la liste des libertés on trouve:
- La liberte de la presse
- La liberté d’expression, d’opinion ou de pensée
- La liberté de manifestation
- La Liberté d’association
Depuis l’accession à la Primature d’Ariel Henry controlé par les oligarques, tous impliqués dans les gangs et l’assassinat du Président Jovenel Moïse, la liberté de la presse est systématiquement menacée.
En 2022 Haïti a occupé une place alarmante dans la liste mondiale des pays où les journalistes sont assassinés. L’Ukraine un pays en guerre a battu les records avec quinze journalistes tués. Haïti avait la seconde place avec dix journalistes tués. Les journalistes assassinés en Haïti en 2022 sous le gouvernement d’Ariel Henry sont:
- Francklin Tamar
- Frantzen Charles
- Romelson Vilcin
- Tayson Lartigue
- Wilguens Louissaint
- Maximilien Lazarre
- Fritz Dorilas
- Garry Tess
- John Wesly Amady
Près de dix journalistes victimes pour les premiers six mois de l’année 2023. Les journalistes assassinés ou directeurs de médias victimes de kidnappings ou de menaces sont les suivants:
- Esaue Cesar (Menacé)
- Louko Desir (Menacé)
- Patrick Moussignac (Menacé)
- Guerrier Henri (Menacé)
- Marie Lucie Bonhomme (kidnappé)
- Thony Lorthe (kidnappé)
- Robert Denis (kidnappé)
- Rico Jean (tué)
- Paul Jean Marie (tué)
- Lebrun Saint-Hubert (Kidnappé)
- Dumensky Kersaint (tué)
- Roberson Alphonse (Reçu des projectiles)
- Juno Jean Baptiste (Menacé)
Les journalistes qui refusent les pots-de-vin du gouvernement reçoivent différents types de menaces. Les oligarques proches d’Ariel Henry détenant les monopoles commerciaux et bancaires menacent de retirer leurs publicités si les informations véhiculées ne sont pas conformes à leurs attentes. Dans un pays où le marché économique est contrôlé par quelques familles, cette pression est énorme sur les médias et journalistes. Certains préfèrent carrément épouser cette option et défendent leurs patrons. Alors qu’une radio comme Caraibes face à ces menaces a du fermer ses émissions. Les journalistes engagés luttent, voir:
- https://youtube.com/watch?v=5lSz7ipMDyM
- https://youtube.com/watch?v=sS5IR-nSJls
- https://youtube.com/watch?v=hfZtdSrPfiw
Les tactiques du gouvernement sont différentes même quand certains oligarques participent à ces formes répressives. Les gangs affiliés à des secteurs politiques associés au gouvernement sont envoyés en mission soient pour menacer, kidnapper ou tuer des journalistes. Des juges d’instruction à la solde du premier ministre et des oligarques envoient des convocations à des journalistes ou directeurs de médias sur la base de dossiers judiciaires fabriqués. Les sbires d’Ariel Henry ont menacé aussi de mettre certains journalistes sur la liste des sanctions internationales pour les empêcher de parler des projets d’intervention militaire étrangère, de l’assassinat du Président Jovenel Moïse et des dossiers de corruptions dans l’administration publique. Certaines organisations de droits humains complices des oligarques ferment les yeux sur ces violations pour protéger les bourreaux. Malgré cet environnement repressif et dangereux les journalistes engagés continuent de s’exprimer et sont en première ligne dans le combat pour la liberté d’expression.
- L’Ambassadeur Stanley Lucas est un spécialiste en développement politique qui a travaillé en Amérique Latine, l’Afrique, l’Afghanistan et le Moyen Orient. Il était le Conseiller Special du Président Jovenel Moïse