Par Ambassadeur Stanley Lucas*

La chorégraphie de la visite du Secrétaire Général des Nations Unies en Haïti a été exclusivement organisée pour la consommation internationale et a totalement ignorée les désidératas du peuple haïtien et leurs préoccupations. Dans l’exécution de cette visite, il y avait même en filigrane, une composante raciste et condescendante.
L’objectif de Antonio Gutteres était de jouer avec quelques leaders locaux non représentatifs pour trouver du support pour son intervention militaire étrangère en Haïti voulue depuis Juillet 2022 par les élites blanches globalistes corrompues qui veulent piller le sous-sol riche en cuivre, bauxite, or, iridium, gaz naturel et terres rares valant des centaines de milliards de dollars américains. Ce plan visant à suspendre la souveraineté et l’indépendance d’Haiti existe depuis 2003 dans l’objectif de la piller. Mais jusqu’à présent, le prétexte pour le faire est difficile à trouver. Après cet échec en 2003, ces blancs avaient remis sur la table la suspension de la Souveraineté et l’Indépendance d’Haiti après le tremblement de terre du 12 Janvier 2010, ils ont trouvé la même résistance. Plus tard, encore une fois, le Président Jovenel Moïse a dérangé les plans de ces neocons blancs, quand il a expulsé les soldats de la MINUSTAH en Octobre 2017 et remobilisé les Forces Armées d’Haïti en Novembre de la même année, conformément à la constitution, pour défendre l’intégrité du territoire haïtien. Cette décision était très bonne puisque lors du tremblement de terre d’Octobre 2018, ce sont les Forces Armées d’Haïti, à côté d’autres institutions nationales qui ont répondu aux besoins des victimes dans les départements du Nord’Ouest, l’Artibonite et le Nord-Est et non des forces étrangères, voir:
- https://youtu.be/pPQEhyl0xVk
- https://www.opednews.com/articles/Response-to-Senator-Dodd–by-Stanley-Lucas-100329-363.html
- https://www.opednews.com/articles/Stanley-Lucas–Response-t-by-Stanley-Lucas-100214-879.html
- https://lenouvelliste.com/article/179109/jovenel-moise-remobilise-les-forces-armees-dhaiti
- https://youtube.com/watch?v=aqJ82o0yO4s&feature=youtu.be
Durant cette visite Gutteres a choisi ses acteurs locaux pour jouer le théâtre face aux caméras qui l’accompagnaient. Ce genre de théâtre a toujours besoin de marionnettes. Il a insisté dans dans son discours sur l’urgence de la situation mais les solutions nationales ont été volontairement ignorées par lui durant les vingt-quatre derniers mois. Son message pour les haïtiens était faussé et sans substance, du bluff pour les citoyens de la rue. Le nombre de crimes par semaine à Chicago est cinq fois supérieur à celui d’Haïti, mais on ne parle pas d’intervention militaire étrangère aux États Unis. Il y a un refus systématique de renforcer les institutions de sécurité nationale d’Haïti afin qu’elle restent vulnérables aux influences externes.
Le profil des invités haïtiens aux rencontres du Secrétaire Général ressemblaient beaucoup à Ahmed Chalabi de l’Irak. Chalabi avant l’intervention en Irak avait dit aux américains qu’ils seraient reçus en sauveur. Par la suite çà s’est révélé faux et la situation en Irak s’est dégradée après l’intervention militaire. Parmi les invités de Gutteres on trouvait, Maryse Narcisse (Fanmi Lavalas ), Ariel Henry chef de gouvernement et membre du parti Inite, Saurel Jacinthe, Inite, Evalière Beauplan, SDP-Pont, Edmonde Beauzile Fusion, ect. Ensemble, ils ne représentent pas 8% de l’électorat haïtien en se référant aux résultats des quatre dernières élections locales, législatives et présidentielles organisées en Haïti. En plus 85% des invités de Gutteres ont participé à la formation des gangs comme kraze baryè, 400 mawozo, Fantôm 509 ect.. pour destabiliser et eliminer le Président Jovenel Moïse avec la complicité de certains étrangers. Ces invités ont été utilisés comme prétexte pour aider à parapher l’agenda modifié d’intervention militaire du Secrétaire Général. Ils ont aussi répondu à l’invitation de Gutteres pour garantir leur sécurité personnelle. La présence du PHTK aux cotés de ceux qui ont assassiné le Président Jovenel Moïse, confirme les révélations du New York Times que Michel Martelly et son beau-frère Kiko Saint Rémy ont aussi participé à l’assassinat du Président Jovenel Moïse. Depuis le 24 Avril, ces leaders locaux non représentatifs au gouvernement sont la cible d’une révolte populaire. Ils ont besoin de soldats étrangers pour se protéger contre la révolte populaire qui bientôt connaîtra une nouvelle étape après ses premières réactions de défense contre les gangs.
Devant le refus d’occupation d’une grande partie de la société haïtienne, le Secrétaire Général, sur ordre des globalistes voudraient proposer, une force d’intervention robuste de 3500 soldats selon son “Enhanced Security Support to Haïti Non-paper” de sept pages, distribué à des alliés de la presse proches des oligarques pour faire avancer l’idée au sein de l’opinion publique internationale.
Ce n’est pas par accident que la grande absente à ces rencontres était l’ex-Première Dame de la République d’Haïti, Martine Moïse, victime des assassins qui l’ont laissée pour morte le 7 Juillet 2021 après plusieurs balles reçues. Depuis plusieurs mois,Madame Moïse réclame du Secrétaire Général Gutteres, la mise en place d’un Tribunal Spécial International pour enquêter sur l’assassinat du Président Jovenel Moïse dans les quatre juridictions concernées par ce crime, Haïti, les États Unis, la Colombie et la République Dominicaine. Le gouvernement haïtien avait envoyé par lettre deux requêtes formelles au Secrétaire Général les 19 Juillet et 3 Août 2021 sollicitant la mise en place de ce tribunal. Vingt-quatre mois après, sans aucune explication, rien n’a été fait. Nombreux sont ceux qui en Haïti se demandent est-ce que Helen Lalime, représentante du Secrétaire Général était au courant du plan visant à assassiner le Président et a laisser faire? Est-ce la raison de ce silence sur le Tribunal spécial international similaire à celui du Liban après l’assassinat du Premier Ministre Rafiq Hariri?
Au cours de sa dernière interview sur France 24 Madame Moïse s’est aussi prononcée contre une intervention militaire étrangère en Haïti. Elle a recommandée le renforcement de la police et de l’armée capables de détruire les gangs. Malheureusement en cinq ans, les armes nécessaires à ces deux institutions nationales pour détruire les gangs n’ont jamais été livrées. Elle a rappelée que la dernière intervention militaire des Nations Unies en Haïti a été une catastrophe. Les soldats des Nations Unies ont amené la bactérie du choléra et commis des crimes sexuels contre des enfants et des adultes. Treize ans après,les Nations Unies n’ont pas payées les réparations aux familles des onze mille victimes de l’épidémie et les soldats qui ont commis des crimes sexuels en Haïti n’ont pas été punis. C’est face à cette réalité injuste et raciste que Gutteres voudrait que ses soldats reviennent en Haïti, voir:
La solution, force robuste étrangère proposée par Gutteres pour répondre à “l’urgence” n’est ni viable ni durable. Ce dernier a fait venir à la dernière réunion de la Caricom le Rwanda qui pourrait fournir des soldats. Est-ce que ce ne sont pas les soldats du Rwanda qui supportent les atrocités du gang M23 au Congo pour aider les élites globalistes à piller le sous-sol de ce pays? Quel gang le Rwanda viendra soutenir en Haïti? Est-ce que la force proposée amènera en Haïti l’Ebola? Voir:
Est-ce qu’une intervention militaire étrangère avait été considérée par les Nations Unies, l’OEA, la Caricom, SICA, quand l’ARENA et le FMLN s’affrontaient au Salvador lors de la guerre civile? Ou quand les Sandinistes se battaient contre les Contras au Nicaragua? La réponse est non. Haïti, malgré sa situation difficile, est très loin de ces situations de guerres civiles sus-mentionnées. Pourquoi donc les Nations Unies s’empressent-elles dans un agenda de guerre en Haïti au lieu d’aider sa police et son armée nationales à rétablir la paix qui serait une solution durable?
Les intérêts économiques des élites globalistes corrompues affaiblies par la pandémie sont-elles plus importants que ceux du peuple Haïtien? Sans oublier les quatre milliards de dollars américains de corruptions stoppés par les réformes du Président Jovenel Moïse dans l’électricité, l’achat et la vente des produits pétroliers, la construction des routes, la manipulation de la monnaie et les contrats leoniens qui seraient le motif économique du crime.
La censure larvée imposée à la presse haïtienne avant l’arrivée de Gutteres était choquante. Plusieurs outils répressifs ont été utilisés, pour ne pas discuter de l’intervention militaire étrangère et la commémoration des deux ans de l’assassinat du Président. Ariel Henry menaçait des propriétaires de médias et des journalistes de sanctions via ses contacts avec le comité privé en charge de ce dossier au Canada et aux Nations Unies. Le comité de sanctions du Canada est associé à un groupe de canadiens ayant des intérêts économiques et politiques en Haïti. C’est un jeu d’élimination d’adversaires politiques et de règlements de comptes. Ariel Henry, a aussi utilisé des juges corrompus et des gangs pour intimider et censurer la presse locale et ceux opposés à toute aventure militaire étrangère en Haïti. Des mandats de convocations bidons ont été délivrés à des directeurs de médias et journalistes pour les intimider. La grande majorité de la presse haïtienne n’a pas obéi. Pourtant, les Nations Unies au courant n’ont rien dit. Ils disent qu’ils sont les défenseurs de la paix et de la démocratie.
Rappelons qu’en 2022 le Gouvernement d’Ariel Henry a battu les records des trente-cinq dernières années avec 10 journalistes tués, au niveau mondial, en seconde position après l’Ukraine. Cette année, 2023 sera similaire déjà six journalistes victimes.
La visite du Secrétaire Général des Nations Unies en Haïti est remplie de contradictions. Il a parlé d’une mobilisation internationale pour Haïti mais il n’a reçu que 20% des 720 millions sollicités pour ses programmes. La plupart de ces programmes sont inefficaces, seulement 7% arrivent aux organisations locales. Il parle de justice alors que les réparations n’ont pas été payées aux victimes du choléra et des abus sexuels des soldats de l’ONU, le Tribunal Spécial International n’a pas été mis en place pour enquêter sur l’assassinat du Président et il supporte Ariel Henry impliqué dans l’assassinat du Président et les gangs. Il parle de sécurité mais refuse d’aider la police et l’armée d’Haiti à trouver les armes qu’il faut pour rétablir la paix. Il parle d’élections libres alors que des démarches sont en cours au sein du gouvernement et de l’HCT créés par eux, dans le but de monter un conseil électoral ultra partisan qui organisera un coup d’état électoral. Gutteres est mal encadré en ce qui a trait à Haïti. Il n’est ni Annan ni Ban Ki-moon qui étaient plus sensibles aux cris du peuple haïtien.
Sa visite en Haïti et sa participation au sommet de la CARICOM sont une chorégraphie déplaisante et mal montée parce qu’Haïti a déjà vécue cette expérience de mauvais goût avec l’ONU. La laideur de ce qui est proposé se voit à distance. Avant d’analyser et évaluer cette visite jetons un coup d’œil rapide sur le background récent de l’ONU en Haïti qui dit tout.
Avant le déplacement du Secrétaire Général Antonio Gutteres, le profil des Nations Unies en Haïti était deja horrible avec les onze missions qu’ils avaient déployés et trois interventions militaires:
- Les soldats de l’ONU ont amené le choléra en Haïti en Octobre 2010. Le choléra a tué onze mille haïtiens et continue de tuer encore en Juin 2023. Plus d’un million d’habitants ont été contaminés. Après la propagation Haïti a dû se battre pendant trois ans pour forcer l’ONU avec des preuves scientifiques a reconnaître ses responsabilités dans la propagation de l’épidémie du choléra. Des dédommagements et réparations avaient été promis aux familles des onze mille victimes. Treize ans plus tard même pas un centime n’a été versé. La vie des onze mille noirs d’Haïti tués par le choléra de l’ONU ne vaut rien pour les dirigeants de cette organisation. Pourtant quand la Lybie avait tué 130 blancs chaque famille a reçu douze millions de dollars américains comme réparations. Le racisme systémique est vivant aux Nations Unies et le Président Joe Biden qui mène une lutte farouche contre ce fléau devrait demander à son Ambassadeur d’intervenir dans ce dossier. C’est cette organisation qui voudrait revenir en Haïti avec des soldats. Demain si des familles haïtiennes décident eux-mêmes de chercher justice, souhaitons qu’ils ne seront pas appelés terroristes.
- Les soldats de lONU durant leur dernier séjour de treize ans en Haïti (2004-2017) ont violé des garçonnets, des fillettes, des femmes et des hommes. Dix ans plus tard les victimes de ces crimes sexuels n’ont toujours pas trouvé justice et réparations.
- Les kidnapings se réalisaient sous les yeux des soldats de l’ONU entre 2004 et 2017 qui laissaient faire sans aucune réaction.
- Les gangs de Cité Soleil ont été déplacés à Martissant sous les yeux complices de l’ONU avec des fonds de l’USAID selon le livre Zombie Files rédigé par Max Kail responsable des renseignements de l’ONU en Haïti.
- La mission militaire de l’ONU (MINUSTAH) durant sa présence a tenté un coup d’état pour renverser le Président René Preval. Dans cette tentative de coup d’état contre le Président constitutionnel Renée Préval, les responsables de l’ONU l’avait informé qu’un avion l’attendait pour l’amener en exil. Préval avait refusé et déclaré si on le forçait à partir il dénoncerait le kidnapping fait sur lui. Face à cette résistance les responsables de l’ONU ont dû faire marche arrière.
- Lorsque les soldats de l’ONU étaient en Haïti, ils vendaient des armes aux gangs. Ils n’intervenaient pas non plus quand les kidnappings se faisaient sous leurs yeux;
- La BINUH a contribué à l’éclosion des gangs de 2017 jusqu’à l’assassinat du Président Jovenel Moïse en 2021. On se rappelle la déclaration de Madame Helen Lalime où elle affirmait que le fait que les gangs se soient fédérés cela avait réduit a 12% la criminalité en Haïti. Ces gangs Kraze Baryè, 400 mawozo, Fantôm 509 ect. avaient été créés par les oligarques et le SDP pour déstabiliser les institutions démocratiques et se débarrasser du President Moïse. Jusqu’à présent,ils jouissent de la complicité des Nations Unies. Les oligarques, les leaders politiques et anciens parlementaires qui ont créés les gangs entre 2017 et 2021 n’ont été l’objet d’aucune sanction.
- Les Haïtiens croient que l’ONU est complice dans l’assassinat du Président Jovenel Moïse c’est pourquoi ces responsables depuis vingt-quatre mois refusent de nommer le Tribunal Spécial International pour enquêter sur le crime comme ce fut le cas après l’assassinat du Premier Ministre du Liban Rafiq Hariri.
- Depuis l’assassinat du Président Jovenel Moïse,le BINUH encourage la violation de l’intégrité du territoire haïtien par l’armée dominicaine et la construction d’un mur pour voler des terres de la République d’Haïti sur la frontière et violer sa souveraineté. L’agenda d’intervention militaire étrangère en Haïti est l’agenda du Président Dominicain Luis Abinader et de ses alliés,les oligarques Libanais Haïtiens et de quelques américains corrompus qui veulent piller Haïti. En vingt-quatre mois les dominicains ont violé quatre fois le territoire haïtien. La mission BINUH n’a rien dit.
- L’ancienne Ministre des Affaires Etrangères de l’Equateur, Isabel Salvador, qui n’est pas un fan des minorités est cloîtré à Petion-Ville et ne rencontre que ses partenaires diplomatiques, quelques oligarques et des éléments non représentatifs qui sont impliqués dans l’assassinat du Président Jovenel Moïse et les gangs depuis 2017. Il faut le reconnaître l’héritage laissé par Helen Lalime est très difficile à gérer surtout par rapport au mental collectif populaire haitien qui croit que les Nations Unies travaillent contre leur pays.
Les politiciens haïtiens que Gutteres a rencontré sont très impopulaires et ciblés par le mouvement de légitime défense du peuple haïtien dénommé bwa kale. Ce petit réseau élitiste corrompu et criminel de Port-au-Prince a besoin d’un déploiement rapide de soldats étrangers pour les protéger des masses révoltées. Ils sont très faibles, donc réceptif à l’agenda de Gutteres et de leurs patrons, qui depuis Juillet 2022 parlent de guerre civile qui ne s’est jamais matérialisé, pour justifier une intervention militaire étrangère que rejette la population chaque fois qu’elle se présente depuis 2022.
Depuis 2022 les responsables de la police et de l’armée d’Haïti ne cessent de répéter publiquement que s’ils recevaient les armes et les équipements nécessaires, ils détruiraient les gangs en quatre mois.
Les initiatives de la CARICOM vers Haïti sont poussées par deux pays les Bahamas et la Jamaïque qui prennent leurs ordres du Canada, pays où le complot pour suspendre l’Independance et la Souveraineté de la Première République Nègre du monde a débuté en 2003 au cours d’une réunion secrète au lac Mitch au Québec.
Quelle est la prochaine étape de ce plan macabre? Le comportement de la Russie et de la Chine au cours de la réunion du 6 Juillet laisse présager des débats houleux sur cette question d’intervention militaire:
En attendant pour faire avancer Haïti dans la bonne direction il faut:
- Conformément à l’article 149 de la constitution, un nouveau Premier Ministre de consensus et un gouvernement non impliqué dans l’assassinat du Président et les gangs;
- Trois hélicoptères de combat, quinze chars d’assaut et des armes pour la police et l’armée d’Haiti capables de détruire les gangs et rétablir la sécurité;
- Un agenda de retour à l’ordre constitutionnel avec un référendum sur la constitution préparée par la commission indépendante, des élections locales, législatives et présidentielles dans un délai ne dépassant pas douze mois;
- Sanctions ciblées contre les oligarques, leaders politiques et anciens parlementaires qui ont créés les gangs de 2015 à nos jours;
- Formation technique pour la police et l’armée afin de renforcer leurs capacités de lutte contre les gangs.
- Ambassadeur Stanley Lucas est un spécialiste qui a travaillé en Amérique Latine, l’Afrique, l’Afghanistan et le Moyen Orient. Il était le Conseiller Special du Président d’Haiti Jovenel Moïse.